Guérir par l’effet placebo

Certains individus y sont résistants, comme d’autres le sont aux antidépresseurs, à tel ou tel médicament ou à l’acupuncture, dont l’action sur la douleur passe par les mêmes aires cérébrales que l’effet placebo. L’imagerie cérébrale par résonance magnétique nucléaire permet désormais de savoir qui est réceptif à l’effet placebo. Et quand ça marche, celui-ci ne se limite pas à la guérison de petits bobos. Ainsi, dans le cadre d’une expérience, des personnes souffrant de la maladie de Parkinson (liée à un manque de dopamine) se sont mises à produire ce neurotransmetteur après avoir reçu de l’eau distillée, qu’elles croyaient être de la dopamine. Plus étonnant : des parkinsoniens ont vu leur état s’améliorer (tremblements, rigidité musculaire, expression orale, dépression) après un simulacre de chirurgie cérébrale, sans toucher à la boîte crânienne. Le pouvoir guérisseur de la pensée n’opère que si le patient est convaincu de l’efficacité du placebo, mais celui-ci n’est pas indispensable. Il peut suffire d’annoncer à un patient que sa douleur va être atténuée pour que son cerveau produise des endorphines et qu’il soit soulagé. Pas besoin de comprimés, la parole suffit. Chez nous, le terme placebo est trop souvent utilisé de manière péjorative Grâce à l’imagerie médicale, on sait quelles régions du cerveau déclenchent ces auto guérisons : les aires liées à l’espoir et à la récompense.

Même si les neuromédiateurs impliqués restent à découvrir, il est clair que cet effet qui se glisse dans les IRM comme un fantôme correspond à une réalité physiologique. Pourtant, le sujet n’intéresse guère les chercheurs français pour qui placebo sous-entend encore effet négligeable. Dans les essais cliniques, c’est un leurre identique au médicament testé, mais sans molécule active. Médecin et « cobayes » ignorent qui a reçu le médicament et qui a reçu le placebo. Ce « double aveugle» permet d’évaluer l’effet thérapeutique réel du produit testé. Mais le terme placebo est utilisé de façon plus péjorative pour tout traitement dont l’action thérapeutique n’est pas prouvée ou pas expliquée. Ainsi, les détracteurs de l’homéopathie la résument à un placebo, oubliant que la moitié de nos 8 000 médicaments n’ont pas d’action thérapeutique démontrée. Qu’importe si certaines médecines naturelles sont des placebos. En utilisant nos capacités d’auto guérison, elles sont en avance sur la médecine moderne qui aurait intérêt à s’y intéresser de près pour être encore plus performante.

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